Crush, la nouvelle application de rencontres pour adolescents, suscite déjà l’inquiétude des parents. Elle laisserait libre court à la pédocriminalité, à la sexualisation des enfants ou encore au cyber-harcèlement. Pour taire les critiques, son créateur Marc Allain a fait le ménage, mais sans convaincre.
Depuis une semaine, une nouvelle application fait parler d’elle sur la toile. Elle s’appelle Crush, lancée récemment par Marc Allain, un jeune entrepreneur français. Elle est destinée aux adolescents, à partir de dix ans jusqu’à vingt-et-un an. Grâce à cette appli, ils peuvent découvrir leur « crush secret », c’est-à-dire la personne qui a un coup de cœur pour eux mais ne le dit pas. Cela passe d’abord par des sondages anonymes et positifs.
Rendue populaire par l’influenceuse Ophenya
Pour connaitre l’identité de leur « crush secret », et échanger avec lui ou elle par messages privés, les jeunes utilisateurs doivent souscrire un abonnement de 12 euros par mois ou de 4 euros par semaine via les achats intégrés de l’App Store. Avec la version gratuite, ils doivent se contenter de savoir que quelqu’un a du béguin pour eux au sein de leur école. Ce qui les laisse évidemment sur leur faim et les pousse à payer un abonnement.
Les parents relèvent plusieurs dangers sur Crush
Crush est devenue très populaire auprès des adolescents grâce à Ophenya, une influenceuse suivie par près de 5 millions d’abonnés. Elle en a fait la promotion sur son compte, via des lives. En quelques jours, l’application s’est retrouvée dans le top 3 du classement des applications gratuites de réseaux sociaux sur l’App Store. Mais depuis la semaine dernière, son image s’est fortement dégradée. De nombreux parents ont dénoncé les dangers et les dérives qui l’accompagnent.
Des adultes peuvent se faire passer pour des enfants
Ils pointent d’emblée la sexualisation des enfants et le risque de pédocriminalité. En effet, Crush est disponible pour des utilisateurs entre 10 et 21 ans. Mais rien n’empêche une personne de 21 ans de converser autour du sexe avec un enfant de 10 ans. D’ailleurs, des adultes peuvent facilement se faire passer pour des enfants en choisissant un âge approprié. Une possibilité qui rappelle le site ados.net, connu pour être infesté de pédophiles. L’appli a été supprimée en août dernier.
Une marchandisation de l’amour auprès des ados
Outre la pédocriminalité, les parents regrettent que Crush plonge les mineurs dans des considérations financières qui ne relèvent pas encore de leur âge. En effet, il doit payer 4 euros par semaine pour découvrir leur admirateur ou admiratrice. Cet abonnement, censé permettre à l’application de fonctionner, pose des questions éthiques. Les enfants n’ont pas de ressources financières, ni de cartes bancaires, pour effectuer de telles transactions. Ils pourraient être tentés de subtiliser de l’argent à leurs parents.
Crainte sur l’utilisation des données personnelles
Par ailleurs, des cyber-délinquants pourraient siphonner toutes leurs données personnelles à des fins malveillantes. Ils ont facilement accès aux photos, numéros de téléphone, noms d’établissements, etc. Même les gestionnaires Crush sont susceptibles d’utiliser ces données pour des opérations commerciales, sans l’accord des utilisateurs. Le plus effarant c’est que dans les conditions générales d’utilisation figurent des sociétés fictives qui ne sont enregistrées ni déclarées nulle part.
Plusieurs modifications opérées sur Crush
Face aux critiques, Marc Allain a décidé de faire le ménage. Il a d’abord rebaptisé l’appli Friendzy pour se détacher de l’image négative de Crush. Il a aussi modifié le slogan, qui passe de « trouve ton crush secret » à « Crush, sondages entre amis ». En outre, le jeune entrepreneur a changé le logo, préférant un fond bleu ciel à la flamme pourpre. Il a surtout revu la tranche d’âge. Celle-ci concerne désormais les 13-18 ans et non plus les 10-21 ans pour éviter de mélanger mineurs et adultes. Mais des inquiétudes persistent.