Autrefois décrits comme attentatoires à ses valeurs, les jeux vidéo passionnent désormais le pays ultraconservateur du Moyen-Orient. À tel point que l’État souhaite en faire une industrie.

Fini le temps où l’Arabie saoudite décrétait à travers son principal organe religieux, une fatwa contre Pokémon ou tout autre jeu provenant des franchises étrangères entre autres pour « blasphème », « incitation à la violence », etc.

Après des années de haro contre les jeux vidéo, le pays réputé pour son rigorisme religieux semble lâcher du lest sur la question. Le Royaume était déjà investi dans le secteur à traverses participations dans des entreprises de renom telles que Nintendo, Nexon et autres. Mais la situation évolue.

Au-delà de ces multiples investissements financiers, le pays vise à faire de son territoire l’émanation d’une puissance dans le gaming, un géant à l’image du chinois Tencent et de l’américain Activision.

Acquisition massive

L’exemple le plus édifiant de cette nouvelle ambition remonte seulement à l’organisation par la Fédération d’eSport saoudienne, de « Gamers8 » décrit comme le « plus grand événement de jeu vidéo au monde ».

Avec notamment une cagnotte de 45 millions de dollars répartis entre plus d’un millier de participants provenant des quatre de la planète. L’ambition saoudienne se traduit également par de multiples acquisitions de sociétés éditrices de jeux vidéo.

La dernière en date et l’une des plus importantes du secteur, est le rachat par le groupe saoudien Savvy Games Group, filiale du fonds souverain PIF (Public Investment Fund), de la firme californienne Scopely contre une enveloppe de cinq milliards de dollars en avril dernier.

Stimuler un savoir-faire

« Il s’agit d’aller à la rencontre des jeunes Saoudiens là où ils se trouvent », commente Bernard Haykel, un spécialiste du Proche-Orient à l’Université de Princeton interrogé par le Wall Street Journal sur la question.

Dans une Arabie saoudite peuplée pour plus 60% de moins de 30 ans, le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS), du haut de ses 38 ans, tente en effet depuis sa désignation et donc sa prise de pouvoir de fait en 2017, de jouer sur les mêmes terrains que la jeunesse du pays.

En témoigne son desserrement de l’étau autour de certaines pratiques (les femmes au volant, accueil d’événements sportifs internationaux, etc.) autrefois jugées contre la morale. Mais la stratégie autour du jeu vidéo ne s’arrête pas aux acquisitions d’entreprises. Le Royaume tente aussi d’acquérir des compétences en la matière afin de stimuler une industrie locale.

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