Les trois géants du web sur lesquels l’ancien président américain n’est plus le bienvenu font l’objet d’une plainte judiciaire de sa part. En vain ?
C’est un Donald Trump offensif qui s’est présenté mercredi 7 juillet en conférence de presse dans son État de la Floride. Au centre d’une équipe de l’America First Policy Institute acquise à sa cause, l’ancien locataire de la Maison Blanche s’est lancé dans une tirade à l’endroit de Facebook, Twitter et YouTube, tour à tour accusés de tordre le cou à la liberté d’expression à travers leur règle d’utilisation. Dans le collimateur du milliardaire, son bannissement de ces plateformes il y a six mois après l’attaque meurtrière du Congrès en pleine confirmation de la victoire de son rival Joe Biden à la présidentielle.
Le 6 janvier, des centaines de partisans de Trump motivés par les discours complotistes de leur leader sur un scrutin prétendument volé avaient déferlé sur le Capitole, faisant cinq morts. L’onde de choc de ces événements était telle que les réseaux sociaux avaient dû procéder à la suspension des comptes de l’ancien président, ses principaux canaux de diffusion. Une suspension définitive de la part de Twitter et YouTube. Quant à Facebook, le milliardaire y sera à nouveau admis seulement dans deux ans.
Un baroud d’honneur
C’est donc ces décisions que le concerné attaque désormais en justice, se présentant comme une victime de la toute-puissance des Gafa. Le frénétique utilisateur des réseaux sociaux, même au plus fort temps de sa présidence, a manifestement du mal à tenir sans ses plateformes. D’autant que sa propre plateforme de diffusion mainte fois annoncée ces derniers mois n’a toujours pas vu le jour. Et son blog lancé en mai a fait pschitt. Mais alors, a-t-il la moindre chance d’obtenir son rétablissement devant la justice ?
Les experts restent pessimistes à ce sujet. Trump présente sa situation comme révélateur du non-respect par les géants numériques du sacro-saint principe de la liberté d’expression protégée par le premier amendement de la Constitution des États-Unis. Une méprise juridique de taille de sa part. Car si la liberté d’expression est bien protégée par la loi fondamentale américaine, son champ d’application s’arrête aux portes du privé. Ce principe empêche donc les pouvoirs publics de censurer les citoyens, pas les entreprises privées. Il existe aux États-Unis, plusieurs jurisprudences confortant les réseaux sociaux dans ce sens.
Les élus républicains de la Chambre des représentants tentent de casser la protection dont jouissent les Gafa en matière de poursuite judiciaire à travers une prochaine loi. En attendant, Trump va bien devoir ronger son frein.