Alors que l’apparition des cigarettes électroniques, avait lancé d’importants débats au sein de la communauté scientifique et de la société civile, l’arrivée sur le marché du tabac à chauffer, soulève des questions similaires. Deux études scientifiques, dont les résultats ont été publiés au milieu du mois de décembre, apportent des premiers éléments de réponse.
Le tabac à chauffer est un substitut de cigarette, qui permet de consommer de la nicotine sans brûler le tabac, ce qui est censé éviter les principales émanations toxiques pour le fumeur.
Pour le moment, une seule marque commercialise ces produits en France, il s’agit de Philip Morris International (PMI) et de son IQOS. Cet objet insolite, vendu 70 euros, ressemble à une « sorte de gros stylo blanc, dans lequel on introduit une cigarette filtre raccourcie, qu’on recharge avec des barrettes de tabac, le tout accompagné d’un chargeur dont le look fait penser à un Smartphone », nous explique RTL. Le prix de ses recharges et de 7 euros le paquet de 20 sticks.
Comme son ancêtre la cigarette électronique, le tabac à chauffer entraîne deux types de questions : sur ses effets concrets pour la santé, et sur la notion de réduction des risques. Concernant l’impact du tabac à chauffer sur la santé, c’est à la communauté scientifique de répondre aux interrogations, en réunissant les données et en prenant le recul nécessaire. La seconde question concerne plus directement les citoyens, elle est morale, philosophique et politique.
« Les cigarettes électroniques sont-elles vraiment moins nocives que le tabac ? Ne représentent-elles pas un danger supplémentaire ? » Voilà le type de question par lesquelles a été accompagnée l’arrivée sur le marché des vapoteuses. Des questions logiques et légitimes, pour un produit vendu comme un moyen de limiter les dégâts de la cigarette sur la santé.
Si les scientifiques ont finalement répondu à cette question depuis et estiment globalement que la cigarette électronique est moins dangereuse (95% moins nocive qu’une cigarette classique à combustion, selon le gouvernement britannique), les recherches sur le tabac à chauffer en sont encore à leurs prémices. En cours de réalisation, ils tombent au compte-goutte.
Le mois dernier, deux études anglaise et allemande ont été rendues publiques sur le sujet et leurs conclusions sont proches de celles autour qui concernent la e-cigarette. Les organismes indépendants anglais (Committee on Toxicity, CoT) et allemand (BfR) estiment que le tabac à chauffer présente un degré de toxicité bien moindre que la cigarette classique, mais qu’il reste un produit dangereux, dont l’utilisation n’est conseillée que pour remplacer celle des cigarettes.
Ces conclusions nous conduisent à notre seconde question : peut-on justifier moralement d’assurer la promotion de produits à la nicotine dans le cadre de campagnes de santé publique ? C’est tout l’enjeu, sur le sujet, du débat sur la réduction des risques, avec d’un côté ceux qui soutiennent une politique de santé publique de lutte contre le tabagisme dite de « tolérance 0 », basée sur la volonté d’en finir avec le tabac, et de l’autre côté ceux qui souhaitent que les pouvoirs publics fassent plutôt en sorte d’améliorer la situation des fumeurs, quitte à les conduire vers ce genre de substituts. Les évolutions progressives de différents pays ces derniers mois (Etats-Unis, Portugal, République Tchèque…) laissent à penser que c’est plutôt la deuxième position qui est en train de s’imposer. Sans doute en réaction aux résultats impressionnants de la Grande-Bretagne en matière de lutte contre le tabagisme, alors que le pays a adopté la philosophie de la réduction des risques depuis plusieurs années déjà.