Présenté par les autorités françaises comme un outil de dissimulation privilégié par les criminels et les trafiquants de drogue, ce logiciel destiné aux smartphones Pixel revendique son intégrité et rejette toute implication illégale.

GrapheneOS serait-il devenu l’arme numérique privilégiée des criminels cherchant à passer sous les radars ? C’est du moins l’avis des autorités françaises, à en croire des informations récemment relayées par la presse.

Selon Le Parisien et Europe 1, l’inquiétude monte au sein des services d’enquête face aux performances de ce système d’exploitation. Julien Constant, journaliste au Parisien, évoque notamment une note confidentielle de la police judiciaire datée du 7 novembre 2025, soulignant l’impossibilité pour les forces de l’ordre d’accéder au contenu des téléphones équipés de GrapheneOS.

Développé en open source pour les appareils Google Pixel, ce système propose une approche radicale de la protection des données personnelles. Il peut effacer automatiquement l’ensemble des informations stockées dès qu’il détecte une tentative d’accès non autorisée.

Concrètement, lorsqu’un enquêteur branche un téléphone sous GrapheneOS à un ordinateur pour en extraire le contenu, il risque de déclencher une suppression totale et irréversible des données.

Une salve d’accusations

Les enquêteurs se retrouvent alors face à un appareil entièrement vierge, comme ce fut le cas dans l’affaire dite du réseau Omar, soupçonné de diriger un vaste trafic de drogues de synthèse à l’origine de trois décès par overdose à Paris.

« Les policiers de la brigade des stupéfiants ont saisi un Google Pixel. À peine les techniciens ont-ils tenté de l’analyser que le téléphone s’est réinitialisé. Le juge parisien en charge du dossier devra donc poursuivre sans cet élément essentiel », rapporte Le Parisien.

« Lorsqu’il est installé sur un mobile, ce logiciel témoigne d’une vraie sophistication technique et d’une volonté claire de dissimulation », estime un enquêteur cité par le quotidien.

L’article va jusqu’à comparer GrapheneOS à EncroChat et Sky ECC, ces dispositifs de communication chiffrée utilisés par le crime organisé. Une analogie jugée excessive par de nombreux spécialistes.

Les protestations de GrapheneOS

D’après Christophe Boutry, youtubeur spécialisé dans les questions technologiques et judiciaires, EncroChat et Sky ECC sont des entreprises commerciales visant explicitement les milieux criminels, tandis que GrapheneOS reste un projet libre et non lucratif, accessible à tous.

Il rappelle que la seule méthode sûre et légitime pour installer le système consiste à le télécharger depuis le site officiel du projet, et non via le darknet, contrairement à ce qu’affirme Julien Constant. Face à ces accusations, GrapheneOS a vivement réagi le 24 novembre, accusant la France de dérive autoritaire et dénonçant des « allégations fausses et diffamatoires » émanant des forces de l’ordre.

Pour les développeurs, cette polémique dépasse le simple cadre médiatique : ils y voient une offensive politique contre le chiffrement et la vie privée. Le collectif a depuis annoncé le retrait de toutes ses infrastructures techniques relevant de la juridiction française, déclarant ne plus se sentir « en sécurité en France ».

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