L’entreprise médiatique propose un nouveau type de plateforme sociale caractérisée par des contenus authentiques et débarrassée de tout contexte anxiogène.

Dans une industrie de la tech dominée par des algorithmes de plus en plus sophistiqués, où la contribution humaine se réduit chaque jour davantage comme peau de chagrin, BuzzFeed veut croire à une approche différente.

Le PDG de cette organisation médiatique Jonah Peretti a ainsi annoncé, dans une lettre ouverte publiée mardi 11 février 2025 dans les colonnes du magazine The Hollywood Reporter, la création prochaine d’un nouveau réseau social destiné à « répandre la joie ».

« Nous faisons le « doomscrolling » à votre place, pour que vous puissiez suivre les plus grandes tendances, trouver les perles rares et rester dans la boucle sans perdre votre temps et risquer votre santé mentale », promet le texte au ton particulièrement incisif sur l’état du web en général à ce jour.

Avec la course vers l’intelligence artificielle (IA) des géants de la technologie marquée par des enjeux financiers colossaux, l’inquiétude de l’homme d’affaires de 51 ans est palpable. « Nous nous inquiétons d’un futur où l’IA nous priverait de notre libre arbitre, dévaluerait notre travail et créerait la discorde sociale. Mais ce monde est déjà là », s’alarme-t-il.

TikTok et Meta en ligne de mire

Selon Peretti, cette tendance se révèle particulièrement chez TikTok et Meta, les deux principaux groupes pointés du doigt dans le cadre de ce choix délibéré de privilégier la technologie et l’intelligence artificielle au détriment de la qualité des contenus.

Le dirigeant révèle notamment une conversation édifiante datant de 2017 avec Zhang Yiming, le fondateur de ByteDance – la maison-mère de TikTok –, qui lui aurait confié dans le cadre de ses réflexions précédentes la création du réseau social de partage de vidéos, que le contenu importait peu, seule comptait la masse de données permettant d’alimenter leurs algorithmes.

« Avoir un emploi chez Meta commence à ressembler à être bénéficiaire d’un revenu universel de base, où vous avez la chance d’être un citoyen qui reçoit quelques retombées de la valeur créée par les IA« , cingle le PDG.

Vaincre le « SNARF »

Jonah Peretti théorise ce qu’il appelle le « SNARF » (Stakes/Novelty/Anger/Retention/Fear, pour Enjeux/Nouveauté/Colère/Rétention/Peur, en français), un acronyme décrivant la mécanique perverse des contenus privilégiés par les algorithmes actuels.

Selon lui, cette formule repose sur cinq piliers : l’exagération des enjeux, la recherche permanente de nouveauté, l’exploitation de la colère, les techniques de rétention d’attention et la manipulation par la peur.

Un cocktail particulièrement addictif qui, à l’en croire, nuit gravement au bien-être des utilisateurs. « Nous devons raconter de grandes histoires qui maintiennent l’engagement des gens, sans recourir à des astuces de rétention agaçantes« , affirme-t-il à propos de l’alternative de BuzzFeed, dont les contours restent cependant flous pour l’instant.

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