Mistral AI, le champion français de l’intelligence artificielle, a annoncé un partenariat exclusif avec Microsoft, le géant américain de la technologie. Cette collaboration irrite fortement Bruxelles, qui travaille sur la souveraineté européenne dans l’IA.
Mistral AI, le leader tricolore de l’intelligence artificielle, souhaite grandir et s’imposer comme un mastodonte de son domaine en Europe. Pour y arriver, la startup a choisi de s’allier avec un géant technologique américain. En effet, elle a annoncé la semaine dernière avoir signé un partenariat avec Microsoft pour un investissement de 15 millions d’euros. Le groupe américain devrait également prendre une participation minoritaire dans son capital.
Bruxelles furieux contre Mistral AI
Comme si cela ne suffisait pas, Mistral AI a indiqué qu’il gardera désormais entièrement secrète la recette de ses meilleurs modèles d’IA, alors qu’il défendait jusqu’alors l’open source comme valeur cardinale. L’entreprise devrait donc verrouiller l’accès de son système Mistral Large en le limitant au service cloud de Microsoft. Ce virage stratégique rend furieux Bruxelles et les partisans de la souveraineté européenne dans l’IA. Il acterait la position déjà dominante des Américains dans la course à cette technologie.
Son double jeu de pointé du doigt
L’Union européenne s’étonne de cette volte-face d’autant qu’il y a quelques mois, Mistral AI se positionnait comme un farouche partisan de l’open source et comme une alternative nécessaire aux Gafam. Avec l’aide de l’Etat français, la société avait fait un intense lobbying l’année dernière pour affaiblir l’IA Act, le texte de régulation des IA de Bruxelles. Or, pendant ce temps, elle négociait secrètement son alliance avec Microsoft et préparait un nouveau modèle de langage fermé. Des actions en contradiction totale avec les valeurs portées par l’UE.
Vers l’ouverture d’une enquête pour pratiques anti-concurrentielles
Pour certains spécialistes, ce partenariat entre Mistral IA et Microsoft met en danger la politique régulatoire de l’Europe. Ils appellent donc à l’ouverture d’une enquête sur le lobby du groupe français et ses liens avec le géant américain. Objectif : déterminer si la startup tricolore a bien respecté le cadre des campagnes d’influence quand on sait que l’ancien secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O a joué le rôle de lobbyiste. La Commission européenne a d’ores et déjà indiqué qu’elle allait examiner l’investissement de Microsoft dans Mistral.
La France défend son champion Mistral AI
Cet examen pourrait aboutir sur une enquête pour pratiques anti-concurrentielles du mastodonte américain. Rappelons que Microsoft est déjà sous le coup d’une procédure similaire, depuis janvier, pour son investissement de plus de 13 milliards de dollars dans OpenAI. Le régulateur européen devrait aussi s’intéresser à l’abandon de l’open source par Mistral AI comme choix technique et politique. Interrogé sur le partenariat de la startup française, la nouvelle secrétaire d’Etat au Numérique, Marina Ferrari, n’a rien trouvé d’autre à dire qu’il « faut se réjouir de cet accord ».
Une opportunité économique pour Mistral AI ?
Selon Marina Ferrari, c’est plutôt formidable qu’une jeune entreprise française réussisse un partenariat de cette ampleur avec Microsoft. Au sujet de l’abandon de l’open source, elle défend que Mistral AI a toujours eu plusieurs stratégies pour pouvoir cibler les différents marchés avec différentes solutions. Abordant la même position, d’autres observateurs estiment que le virage de l’entreprise constitue une excellente décision économique. En effet, il y aurait une possibilité de monétiser ses modèles avec une base de clients beaucoup plus large, et de concurrencer valablement OpenAI.