La filiale de Facebook rechigne à se conformer à une nouvelle loi des autorités indiennes jugées attentatoires à ses règles de confidentialité. L’issue de cette bataille pourrait s’avérer déterminante quant à la question de la vie privée des internautes.
Les réseaux sociaux sont sous pression en Inde. Le pays asphyxié par les ravages d’une nouvelle mutation du Coronavirus, a semble-t-il décidé de se défausser sur les géants du web. Instagram, Twitter et Facebook sont ainsi priés par le gouvernement de procéder à l’expurgation de tous les contenus incluant le terme « variant indien » de leur plateforme. Plus qu’une demande, il s’agit d’une directive traduite par les autorités dans une nouvelle loi entrée en vigueur fin mai. New Delhi estime en effet que le qualificatif « indien » accolé au nouveau variant du Covid-19 qui décime sa population depuis plusieurs semaines, jette de l’opprobre sur le pays. Par ailleurs, les différents réseaux sociaux sont accusés de servir à la propagation de fausses informations à travers l’Inde.
WhatsApp résiste
L’OMS a décidé le 31 mai dernier de donner des noms spécifiques aux quatre variants du virus, connus jusqu’ici. L’Organisation onusienne qui estime les adjectifs « indien », « britannique », « brésilien » et « sud-africain » discriminatoires pour ces pays, a rebaptisé ces souches du Covid réputées plus contagieuses en : Alpha pour celle identifiée pour la première fois au Royaume-Uni, en Beta pour celle découverte en Afrique du Sud, en Gamma pour celle dite brésilienne et en Delta pour celle de l’Inde.
Autant dire que l’OMS comprend d’une certaine façon le caractère dégradant pour les pays concernés de voir leur nom associé à un variant du Covid. Mais la demande formulée par l’Inde aux réseaux sociaux apparaît à la fois disproportionnée et dangereuse. Exiger de ces plateformes qu’elles suppriment tous les contenus évoquant « variant indien » revient à leur demander de fouler au pied leurs propres règles de confidentialité des données. Pour une plateforme comme WhatsApp, c’est l’inciter à passer outre le chiffrement de bout en bout des conversations entre ses utilisateurs. Un dispositif qui préserve un tant soit peu les données privées de ses deux milliards d’utilisateurs et dont la filiale de Facebook a fait un argument de transparence face aux concurrents.
Risque d’un précédent dangereux
WhatsApp dont les autorités indiennes exigent également la possibilité de pouvoir tracer un internaute a décidé de porter l’affaire devant la Haute Cour de Delhi. Le verdict de l’autorité judiciaire pourrait ouvrir ou pas une brèche pour certains États réfractaires au respect du principe de confidentialité des usagers du web à travers le monde.