La firme américaine spécialiste de la reconnaissance faciale est sous le coup de plaintes multiples dans cinq pays européens. En cause, sa technologie fondée sur l’usage de photos aspirées du web sans consentement des propriétaires.
Probablement peu de gens connaissent Clearview, mais ses agissements sont des plus inquiétants. L’entreprise américaine est dans le collimateur d’un groupe d’ONG dont Privacy International, Hermes Center for Transparency and Digital Human Rights entre autres, pour son exploitation jugée peu scrupuleuse des données personnelles des internautes. Ces organisations l’accusent notamment de fouler au pied de multiples lois sur les données privées dont l’emblématique RGPD, dispositif juridique censé encadrer l’usage des données à caractère privé au sein de l’Union européenne.
Un système d’aspiration des données sans scrupule
Au centre des griefs portés contre Clearview se trouve un système autant ingénieux que menaçant pour la vie privée des internautes. En effet, l’entreprise s’est constituée à partir d’éléments extraits allègrement du web, une base de données de trois milliards de photos pour affiner sa technique de reconnaissance faciale. De sorte qu’il suffit d’entrer dans ses serveurs la photo d’untel pour faire remonter quelques instants plus tard plusieurs photos de cette personne existant sur le web. Une journaliste du New York Times indiquait d’ailleurs à cet effet en janvier 2020 qu’il était possible pour Clearview d’identifier une personne même si cette dernière a le nez couvert sur sa photo.
Fort de ses capacités, la start-up est sollicitée par des services de police à travers le monde, y compris le FBI dans le cadre des enquêtes pour viol ou meurtre, entre autres. Problème : le procédé d’extraction des photos utilisé par Clearview connu sous le nom de « scraping » en anglais, est illégal et donc interdit dans de nombreux pays. Et pour cause, les photos aspirées le sont sans consentement de leur propriétaire et en toute violation de la vie privée.
Cinq plaintes dans divers pays
Les ONG ont donc saisi les autorités en charge du respect de la vie personnelle de cinq pays différents dont : la France, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Autriche et l’Italie d’une plainte contre Clearview. Les plaignantes indiquent s’appuyer des éléments à charge recueillis contre l’entreprise de diverses sources.
Ce n’est pas la première fois que l’entreprise fait parler d’elle. Le groupe fondé en 2017 par Hoan Ton-That, jeune australien féru de l’intelligence artificielle, faisait déjà l’objet d’une enquête au Royaume-Uni depuis l’année écoulée. Plus récemment en 2021, il a dû partir du Canada après avoir été épinglé pour surveillance de masse illégale.