Le réseau social est l’objet d’une plainte au pénal de la part de Reporters sans frontières (RSF), pour des manquements dans la modération des contenus publiés sur la plateforme. Les cas cités par l’organisation de protection des journalistes témoignent de la politique kafkaïenne du géant du web en matière d’application de ses propres règles.
Est-ce de l’impuissance coupable ou une impuissance complice ? Quoi qu’il en soit, RSF entend agir contre la politique de modération de Facebook pour le moins laxiste dans sa mise en œuvre. L’organisation de protection des journalistes à travers le monde a annoncé avoir porté plainte devant la justice française contre le réseau social, la semaine écoulée. Motif : une série de constats mettant à nu son laisser-faire vis-à-vis des messages haineux et des théories complotistes, entre autres.
Globalement, Facebook manque à ses obligations de protection des intervenants sur sa plateforme contre toute forme d’intimidation et d’actes visant à les mettre en danger, selon RSF. L’organisation liste dans sa plainte, le défaut d’action du réseau social contre l’appel à la mort de nombreux journalistes dont ceux du Quotidien et du média régional L’Union-L’Ardennais.
Non content de ne rien faire contre ces menaces, Facebook s’emploie également à les promouvoir, selon RSF. L’ONG en veut pour preuve le classement des commentaires de haine parmi les plus pertinents des publications incriminées. C’est le cas aussi du documentaire complotiste autour de Covid, Hold-Up, que le réseau social est accusé de laisser se propager sur sa plateforme. Or, les publications d’origine douteuse doivent être marquées en tant que telles par Facebook.
Les réseaux sociaux dépassés
Ce n’est pas la première fois qu’un réseau social est assigné en justice pour laxisme dans l’application de ses propres règles. Mais la multiplication ces dernières années de ce genre de procédure remet au goût du jour, la lancinante problématique de la modération des contenus en ligne à l’heure de la prolifération de la haine et des vérités alternatives sur le web. Une nouvelle donne à laquelle les réseaux sociaux, tantôt accusés de manque d’action, tantôt de censure, ont du mal à appréhender. Quoi que, ces derniers font bien souvent preuve d’incohérence dans l’application de leur politique de modération.
Le quotidien britannique The Guardian a ainsi révélé il y a quelques jours, avoir mis la main sur un document interne de Facebook destiné aux responsables de la modération sur le réseau social. On y apprend entre autres que des appels à la violence contre certaines personnalités peuvent demeurer en ligne sans aucune mesure particulière de la part du réseau social.