La célèbre encyclopédie en ligne est au centre d’une bataille idéologique impliquant des accusations de partialité politique.

« En raison de son importance, c’est une urgence, à mon avis, que Wikipédia soit complètement malhonnête et complètement contrôlée sur les questions qui comptent ». Face à Larry Sanger la semaine dernière, l’ancien journaliste de CNN devenu podcasteur pour le mouvement MAGA, Tucker Carlson, n’y est pas allé de main morte contre Wikipédia.

L’encyclopédie créée il y a bientôt 25 ans subit en effet ces derniers mois aux États-Unis des assauts de la part de personnalités encartées dans le camp conservateur. Dans l’Amérique de Donald Trump, où ce dernier n’hésite pas à distordre l’histoire en privilégiant notamment l’idéologie conservatrice, l’occasion était trop belle pour Carlson.

En effet, Sanger n’est autre que l’un des cofondateurs de Wikipédia, avec Jimmy Wales. Initialement engagé dans le projet pour définir ses principes fondateurs et sa philosophie éditoriale, ce philosophe a depuis pris ses distances, devenant par la même occasion l’un des critiques les plus virulents de l’encyclopédie en ligne.

Les détracteurs accusent la plateforme aux 64 millions d’entrées de mener une politique éditoriale qui, selon eux, privilégie systématiquement les sources médiatiques progressistes au détriment des perspectives conservatrices.

Elon Musk en agitateur en chef

« Ce que je peux vous dire, c’est qu’au fil des années, les conservateurs, les libertariens, ont simplement été poussés dehors. Il y a toute une… armée d’administrateurs, des centaines d’entre eux, qui bloquent constamment les gens… avec lesquels ils ont des désaccords idéologiques », a ainsi rétorqué l’invité de Tucker Carlson, mettant en avant le bannissement sur la plateforme de certains médias conservateurs.

Dans cette croisade contre Wikipédia qui met également en exergue une lutte pour façonner le narratif populaire selon une certaine doctrine, Elon Musk occupe une place centrale. Le milliardaire, patron de X, autrefois « fier » de l’existence de l’encyclopédie, l’affuble désormais de sobriquets infamants.

L’homme d’affaires et l’une des figures les plus influentes de l’Amérique conservatrice a ainsi proposé il y a deux ans d’offrir un milliard de dollars à la Wikimedia Foundation – qui pilote Wikipédia – si elle changeait son nom en « Dickipedia ».

L’enjeu du contrôle de la vision du monde

Musk a par ailleurs annoncé le développement de « Grokipedia », une encyclopédie alternative propulsée par son intelligence artificielle Grok. Présentée comme un « référentiel de connaissances open source », cette plateforme promet d’être « une amélioration considérable par rapport à Wikipédia ».

Cette offensive s’inscrit dans une stratégie plus large de l’administration Trump pour remettre en cause les institutions de l’information. Le département de la Justice a même envoyé une lettre officielle questionnant le statut fiscal à but non lucratif de cette fondation.

Face à cette pression sans précédent, Jimmy Wales rappelle que « le point de vue neutre n’est pas négociable ». Cependant, l’enjeu dépasse largement le simple débat sur la neutralité éditoriale. Contrôler le contenu de Wiki qui sert de base de connaissances pour les intelligences artificielles, revient à façonner la compréhension que les machines auront du monde.

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