
Des scientifiques américains ont développé un outil d’intelligence artificielle capable de déterminer l’âge biologique d’une personne à partir d’une simple photographie.
Savez-vous que certaines personnes paraissent plus jeunes ou plus vieux que leur âge réel ? Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’âge inscrit sur la carte d’identité d’une personne ne raconte qu’une partie de son histoire.
Il existe ce qu’on appelle l’« âge biologique », concept très familier aux médecins, désignant l’état réel du corps d’une personne par rapport au temps qui passe indépendamment de sa date de naissance.
Cet âge biologique, difficilement détectable à l’œil nu, pourrait bientôt se révéler plus facilement grâce à l’intelligence artificielle. Des scientifiques du groupe hospitalier Mass General Brigham, basé à Boston, ont développé un outil capable de cette analyse.
Baptisé FaceAge, ce programme transforme un simple selfie en indicateur bien plus précis que le « test à l’œil nu », méthode d’observation traditionnellement utilisée par les professionnels de santé pour évaluer l’état des patients.
Comme dans un livre ouvert
Pour développer cet outil, les scientifiques l’ont nourri avec une base de données d’environ 59 000 photographies de personnes âgées de 60 ans et plus, présumées en bonne santé. Une fois mis au point, FaceAge a ensuite été testé sur un groupe de 6 200 patients atteints de cancer, photographiés au début de leur radiothérapie.
Résultat : le programme a déterminé que ces patients présentaient, en moyenne, cinq années de vieillissement biologique supplémentaires par rapport à leur âge chronologique. Plus remarquable, l’outil a établi une corrélation directe entre l’apparence vieillie du visage et un pronostic de survie défavorable.
Il s’agit là d’une capacité d’analyse au-delà des compétences humaines traditionnelles. Pour preuve, lorsque huit médecins ont été invités à prédire si des patients en phase terminale seraient encore vivants dans six mois, leur taux de réussite n’atteignait que 61%.
Soit « à peine mieux qu’un simple jeu de pile ou face », comme le rapporte Raymond Mak, radio-oncologue au Mass General Brigham et l’un des acteurs de l’étude dans les colonnes du Washington Post.
Une technologie à parfaire
Avec FaceAge et les informations du dossier médical cependant, la précision des médecins atteignait 80 %. L’outil doit toutefois apprendre à gérer certaines variables susceptibles d’influencer son analyse.
Cela comprend entre autres de l’éclairage, du maquillage, du teint de la peau ou encore des modifications du visage liées à la chirurgie esthétique. La prise en compte des préoccupations liées aux données personnelles est également nécessaire avant tout déploiement de la technologie.
D’après Hugo Aerts, directeur du programme d’intelligence artificielle en médecine au Mass General Brigham cité par le Post, FaceAge pourrait apporter de nombreux bénéfices, mais aussi causer des préjudices si elle était mal utilisée.