Le réseau social à l’oiseau bleu n’est plus accessible dans le pays le plus peuplé d’Afrique depuis le 4 juin dernier. À l’origine, une brouille avec les autorités sur fond d’accusations de censure.
Il ne fait pas bon de contrarier le président de la République d’un pays. Surtout en Afrique où le rapport au pouvoir des autorités est pour le moins paternaliste. Twitter l’apprend à ses dépens depuis quelques jours. Le réseau social de microblogging est en effet suspendu au Nigeria depuis le 4 juin en raison d’un différend avec le chef de l’État, Muhammadu Buhari.
Le 2 juin, ce dernier, excédé par le regain de violence en cours dans le Sud de son pays, se fend d’un message au ton menaçant, à l’endroit des meneurs de troubles via son compte Twitter. Les tweets présidentiels laissaient notamment entendre que l’État n’hésiterait pas à employer la manière forte contre les agitateurs en lutte pour l’indépendance de la région du Biafra. Réaction immédiate de Twitter qui supprime sans ménagement lesdits propos, accusant le président nigérian d’avoir enfreint ses règles d’utilisation en prônant la violence.
Twitter suspendu indéfiniment
La mesure du réseau social suscite diverses réactions dans le pays. Notamment de la part des autorités qui ne la goûtent que très peu. Un porte-parole du chef de l’État y voit même de la censure. Car, estime-t-il, le président a le droit de s’exprimer sur la situation de son pays quand celle-ci le préoccupe. De plus, les proches de Buhari accusent Twitter de laxisme dans sa politique de régulation quand les indépendantistes biafrais menacent l’État.
Deux jours après cet épisode, le gouvernement réplique en prononçant la suspension de la plateforme pour une durée indéterminée. Selon les officiels, le géant du web agit contre les intérêts du pays. Le régulateur des médias intime dans la foulée l’ordre aux chaînes de radio et de télévision de quitter Twitter au risque de se voir sanctionner d’amendes.
Un rétablissement sous conditions
Depuis, la polémique enfle au Nigeria et bien au-delà. Nombreuses sont les organisations de défense des droits humains qui accusent les autorités de nuire à la liberté à d’expression à travers ce bannissement de Twitter. D’autant que le réseau social est particulièrement prisé de la jeunesse qui y voit bien souvent un exutoire.
L’État quant à lui semble disposer à mettre fin à sa mesure, mais sous certaines conditions. Twitter devra dorénavant satisfaire à de nouvelles obligations édictées par les autorités pour être accessible à ses 40 millions d’utilisateurs au Nigeria.